Shanty Baehrel, "Bisqueen" autoproclamée, a lancé son site shantybiscuits.com en 2013. De la cuisine de son appartement à son atelier de fabrication en Provence, ses biscuits personnalisés ont gardé le goût de l'authentique. Tout comme leur créatrice !
Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir son parcours : celui d'une jeune entrepreneuse qui ne pensait pas en devenir une, et qui gravit une à une les marches du succès.
Bonne lecture !
Que faisais-tu avant de lancer ta boîte ?
SB. Avant Shanty Biscuits j’avais un job alimentaire. Je travaillais dans une boîte qui fabriquait des rétro-éclairages pour l’aéronautique. C’était une petite société, on était 5 et je touchais un peu à tout. Je savais que je n'allais pas faire toute ma vie là-bas, mais c’était toujours un travail.
Comment as-tu eu l'idée de Shanty Biscuits ?
SB. Shanty Biscuits a été créé complètement par hasard. Il y a 7 ans à un anniversaire on m’a offert un tampon à biscuit sur lequel il était marqué “approuvé par le chef”. J’ai fait les biscuits et je me suis dit : c’est cool d’avoir un biscuit avec un message mais “approuvé par le chef” c’est nul, si il y avait eu un autre message j’aurais pu les offrir à quelqu’un.
C’est comme ça que j’ai eu l’idée : faire des biscuits personnalisés à offrir en cadeau. J’ai vu que ça n’existait pas, sur le coup ça m’a étonnée, mais quand je suis arrivée dans les problématiques de production j’ai compris pourquoi !
Je n’ai pas du tout un profil business à la base, j’ai vraiment suivi mon instinct et j'ai commencé à faire les biscuits dans mon appart'.
Le principe c’est que les gens commandent sur la boutique, ensuite on produit et on livre, donc on n’a pas d’intermédiaires et pas de stocks, ce qui m'a permis de me lancer facilement toute seule.
Pensais-tu devenir entrepreneuse avant ça ?
SB. Ah non jamais ! (rires) Ce n'est pas du tout quelque chose que j’ai dans les gènes.
Quand as-tu lancé ton site ?
SB. J’ai eu le site dès le début puisqu’on prend les commandes uniquement en ligne. Pour l’anecdote : j’ai échangé mon premier site contre les biscuits du mariage de ma meilleure amie. Elle s’était fiancée avec un webdesigner et ils m’ont dit : “si tu nous fais des biscuits pour notre mariage, on te fait un site Internet !”.
J’ai accepté. C’était un site très basique, mais ça m’a permis de vendre dès le début et de me lancer sans argent.
Peux-tu me parler de l’évolution de la boutique ?
SB. J’ai eu des commandes très vite, puis j’ai fait x3 de croissance organique tous les ans jusqu’en 2018. La raison principale, c'est que quand les gens commandent des biscuits ils les offrent, donc la marque se fait naturellement connaître.
En plus, à la base j’étais très orientée mariages et baptêmes, où tu peux avoir plus de 200 invités qui découvrent les biscuits en même temps. C’est pour ça que ça s’est propagé très vite !
Combien de temps y consacrais-tu au début ?
SB. Au départ j’ai gardé mon mi-temps, je travaillais deux jours par semaine. En même temps je n’avais pas énormément de commandes : peut-être une par semaine ! 6 mois après avoir lancé la boîte, j’ai arrêté mon mi-temps et j’ai commencé à faire ça à temps plein.
Je faisais les biscuits dans ma cuisine, puis je suis passée de ma cuisine à celle de mes parents. Au bout de 2 ans j’avais trop de commandes pour pouvoir les assurer seule. C’est là qu’il a fallu passer à l’étape supérieure : trouver un atelier de fabrication, acheter des machines, recruter, etc.
Est-ce que tu as eu peur de te lancer dedans à 100% ?
SB. J’ai réfléchi, je n’ai pas non plus foncé tête baissée. En fait ma boss de l’époque m’avait dit qu’ils avaient besoin de quelqu’un à temps plein, donc c’était soit ça, soit la rupture conventionnelle.
Je me suis dit : si je prends le temps plein, Shanty Biscuits c’est fini, je n'aurai pas assez de temps pour continuer, donc autant tenter et on verra bien.
Tes parents t’ont-ils toujours soutenue dans ton projet ?
SB. Non, pas du tout ! (rires) Mes parents n’ont pas la fibre entrepreneuriale et mon père est quelqu’un d’ultra prudent. Pour eux et mon entourage proche de l’époque, c’était vraiment un milieu qu’on ne connaissait pas. C'était les autres qui faisaient ça, pas nous.
Quand j'ai choisi de me lancer dans Shanty Biscuits à temps plein, mon père m'a dit : “tu ne vas pas dire non à un CDI, tu peux faire les biscuits le week-end...”. Il ne croyait pas du tout que ça pouvait devenir une vraie entreprise. Après honnêtement, même moi je ne suis pas sûre que j’y croyais vraiment !
C’est quand je me suis associée, qu’on a eu les machines et qu’on a recruté que mes parents ont réalisé que ça marchait. C’est là qu’ils m’ont fait confiance, parce que d’autres personnes me faisaient confiance aussi.
Comment es-tu passée à "l’étape supérieure" : l'atelier de fabrication, l'achat des machines...?
SB. Ça s’est fait progressivement parce qu’on avait de plus en plus de commandes, donc c’était vraiment pour pouvoir répondre aux demandes des clients. Au moment où tu te rends compte que tu dois acheter un nouveau four et qu’il ne rentre pas dans l’atelier, tu te dis qu'il faut plus grand !
Comment as-tu financé Shanty Biscuits ?
SB. J’ai fait une première vague de financements en 2016 avec uniquement des prêts, pour acheter les machines. Après j’ai fait une petite levée de fonds en 2018. Ça n’a pas été compliqué de trouver des financements, mais ça a été plutôt long puisqu’à chaque fois il y avait pas mal de mises en relations.
Je n'ai pas eu du mal à convaincre les gens, parce que la boîte existait déjà, elle tournait et elle avait une bonne croissance. Si ça avait été pour lancer Shanty Biscuits, ça aurait été différent !
As-tu bénéficié d’une aide ou d’un accompagnement particulier ?
SB. Non. Je suis chez The Family depuis 2015 mais ce n’est pas vraiment un accompagnement pour moi, dans le sens où je ne suis pas inscrite à une formation et je n'ai pas quelqu’un qui me suit au quotidien.
Par contre ça m'a apporté un réseau, car à l’époque j’étais toute seule dans mon appart, je n’y connaissais rien aux startups et je n'avais pas de contacts sur Paris. Quand j’ai fait ma levée de fonds, ce sont eux qui m’ont présenté des personnes pour m’aider à lever, des avocats… De manière générale, j'ai rencontré plein de gens par leur intermédiaire.
On parle beaucoup des difficultés rencontrées par les femmes qui souhaitent monter leur boîte. Selon toi, être une femme entrepreneuse, c’est un avantage ou un désavantage ?
SB. Pour moi c’est un avantage, parce que depuis quelques années il y a toute une vague de mouvements pour les entrepreneuses. Quand tu montes une boîte et que tu es une femme, tu as beaucoup plus de retombées presse, tu es vachement mise en avant car tout le monde veut aider les femmes.
Je ne me suis jamais dit “j’ai telle difficulté parce que je suis une femme”, mais plutôt “si je n’arrive pas à le faire, c’est que je ne sais pas le faire : qu’est-ce que je peux changer pour y arriver ?”.
Si un mec y arrive, c'est juste qu'il sait mieux faire que moi, et à l'inverse il y a des choses que je peux mieux faire que lui. Je ne mets jamais le genre au milieu.
Depuis que tu as lancé Shanty Biscuits, quel a été ton plus gros challenge ?
SB. Je pense que mon plus gros challenge ce n’est pas une épreuve en particulier, c’est plutôt rester au top au quotidien. Ne jamais baisser les bras, quand on a un problème toujours chercher à le résoudre… On a eu tellement de galères, maintenant je me dis que tout a une solution !
J’ai appris de mes difficultés, et j’apprends encore. Si je remonte une boîte demain, je pense que j'irais beaucoup plus vite.
Est-ce que tu transmets cette expérience à d’autres entrepreneuses ?
SB. Oui, avec Goldup. J’interviens de temps en temps dans les formations, on organise des déjeuners avec les participantes, même si je le fais moins aujourd’hui car ça me prend trop de temps.
Quel est ton meilleur souvenir depuis que tu as monté ta boîte ?
SB. Quand j’ai reçu le prix Clémentine de la Maison Veuve Cliquot en 2018. C’était très marquant pour moi. Tous les ans, ils remettent un prix à deux femmes par pays : le prix de la femme d’affaires, pour quelqu'un qui a monté un gros business comme La Redoute, Sarenza, etc., et le prix Clémentine, qui s'adresse aux jeunes entreprises.
Après tu fais vraiment partie de la maison Veuve Cliquot, ce n'est pas juste un trophée. Ils t’invitent à plein d’événements, tu as une vigne à ton nom... Et j'en bénéficie encore aujourd'hui !
Quel conseil donnerais-tu à une personne qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat ?
SB. Je lui dirais d'écouter son intuition avant tout. Ce n’est pas facile, mais c’est ce que j’essaye de faire. Au fond tu sais ce qui est bon pour toi, donc il ne faut pas se poser trop de questions et vraiment faire le truc.
Si au tout début je m’étais demandé : comment je vais recruter, trouver les machines, les financements... je ne me serais jamais lancée. Il faut avancer petit à petit sans se faire peur. Savoir où tu veux aller, mais prendre les problèmes au moment où ils viennent.
Si Shanty Biscuits a réussi à le faire, tout le monde peut le faire !